Logan F. Cavendish

Logan a eu une enfance paisible, quelconque pour toute personne venant de ce milieu social ! Le bébé n’était sans doute pas aussi désiré que son grand frère mais il a toutefois été choyé et aimé, confié à la meilleure nourrice que ses parents ont pu trouver, puis au meilleur précepteur, au meilleur professeur d’équitation, de polo, d’escrime, de danse, et ainsi de suite. Son enfance a été la même que celle de ses frère et celle de sa sœur, à quelques détails près. Une enfance heureuse et insouciantes, rythmée pour Logan par quelques bêtises sommes toutes gentillettes : Logan a à plusieurs reprises poussé Atticus à l’eau, quelques fois dans la mer, d’autres dans l’étang du parc, “Pour voir s’il sait nager !!”, il a caché un nombre incalculable de fois les bobines de fils des bonnes et des femmes de chambres, il s’est faufilé dans les cuisines pour un surplus de goûter … Il a voulu tester son équilibre en marchant sur les rochers de la digue de Plymouth les yeux fermés, a tâché de monter sur le pur-sang de son père dans son dos … Les nourrices l’ont vite compris : Logan était l’enfant à surveiller comme du lait sur le feu, et plutôt deux fois qu’une !

Les choses n’ont pas changé avec le temps, et l’enfant turbulent est devenu un adolescent désireux de tester les limites : les siennes et celles des autres. En grandissant, il devient toutefois un adolescent cultivé et ingénieux, qui se passionne pour ses cours et qui boit les paroles de son père lorsqu’Adam Cavendish se met à parler des affaires de la famille. Il faut dire que les Cavendish ont la mainmise sur les ports et que Logan s’est très tôt découvert une passion dévorante pour les bateaux en tout genre, de la simple pirogue au paquebot, en passant par les barques, les bateaux de pêche et navires de commerce. Logan a vite fait de voir les possibilités qu’offrent cette activité et s’y projette sans mal, surtout s’il est question de voguer loin pour faire venir jusqu’en Angleterre des produits tous plus exotiques les uns que les autres. Même le naufrage du Titanic n’arrive pas à émousser sa passion et sa confiance. Bien sûr les tragédies existent ! Bien sûr qu’il y a des risques ! Mais les possibilités que le commerce maritime offrent valent selon lui largement le coup de prendre des risques.

La guerre vint tout faire voler en éclat, balayant d’un seul coup les rêves d’aventure du jeune garçon de quinze ans. Les trois premières années sont passées à toute allure, et ce malgré la peur, les bombes, les nouvelles disparates des soldats dans les tranchées. Logan n’a que dix huit ans lorsqu’il se retrouve enrôlé dans un combat mondial qui le dépasse. Catapulté en France, sur le front, le jeune homme se lie d’amitié avec des hommes de tous univers, de tous milieux sociaux. Cette diversité, quoique soudaine, forcée, et qui se passe à huis clos dans un cadre dont chacun se serait bien passé, fait du bien à Logan. Il découvre tout à coup une réalité toute autre que la sienne, plus dure, atroce bien sur. Mais côtoyer des ouvriers, des garçons de fermes et des hommes qui, sortis des tranchés, sont domestiques ou épiciers lui permet d’entrevoir un autre monde dont il n’avait pas pris pleinement conscience. Il se rend compte au fil de ses discussions qu’il ne sait que bien peu de choses sur la classe ouvrière ou sur le quotidien d’un fermier, qu’il n’avait jusque-là pas conscience des différences de classes et de mode de vie. La guerre, toute atroce et inutile soit-elle, lui permet d’ouvrir les yeux. Lorsque Logan rentre en 1918, il est devenu renfermé et amer, principalement parce qu’il se rend compte maintenant que la société dans laquelle il vit se doit d’accompagner les plus humbles au quotidien. En plus du développement du commerce maritime auquel Adam l’assigne, bien conscient que son second fils a besoin d’une activité pour ne pas sombrer, Logan se promet de faire de son mieux pour faire bouger les lignes.

C’est au gré de ses déplacements à travers l’Angleterre pour le compte de sa famille que Logan prend conscience que par endroits, les lignes bougent plus vite que par chez lui. A Londres, puis à Manchester, il est difficile de ne pas entendre parler des Scuttlers. D’abord perplexe, le jeune homme se prend vite d’intérêt pour ce groupe et ses actions. Reste à savoir comment les approcher – et finalement cette question se règle d’elle-même. Au détour d’un passage à Londres, où Logan développe quelques partenariats à proximité du port, il tombe nez à nez avec Arthur – un camarade rencontré en France lors de la guerre. Nous sommes à l’été 1919 et, la chaleur estival aidant, le gin aidant également, les langues se délient. Les quelques confidences d’Arthur ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd – c’est assez naturellement qu’on lui fait rencontrer Edward Hollom, puis qu’il rejoint le groupe des Scuttlers.
Pour l’heure, Logan se fait discret. Il n’a aucun intérêt à ce que sa famille sache ce qu’il fait de son temps libre et de la façon dont il adapte ses missions professionnelles ; il attendra encore un petit peu pour porter les chaussures à semelles cloutées ! Pour autant Logan est investi, et utilise ses connaissances sur le port de Londres pour récolter une taxe censée revenir aux Cavendish – mais qui tombe directement dans les poches des Scuttlers. L’avenir dira à Logan s’il a bien fait de s’investir dans ce groupe ou pas.